Le plan de M. Ahtisaari pour le Kosovo reçoit un accueil mitigé

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Publié le 3 février 2007
Martti Ahtisaari, ancien président de la République finlandaise et actuel envoyé spécial de l'ONU pour le Kosovo, s'est entretenu, vendredi 2 février 2007, tant avec les autorités serbes que kosovares, pour leur présenter son plan pour l'avenir de la province serbe à majorité albanaise, sous administration directe de l'ONU depuis 1999 et bénéficiant d'une autonomie « de fait ».

À Pristina, capitale du Kosovo, M. Ahtisaari a rencontré le président Fatmir Sejdiu, tandis qu'à Belgrade, capitale de la Serbie, il rencontrait le président Boris Tadić [1].

Le plan qu'on pourrait qualifier de « plan de souveraineté du Kosovo par étapes » semble avoir été accueilli avec une certaine satisfaction dans les rang des Albanais du Kosovo, tandis que, dans la capitale serbe, il est vu comme devant rapidement ouvrir la voie à un Kosovo implicitement indépendant, ce dont les autorités serbes ne veulent à aucun prix, la province étant considérée par elles comme le « berceau de la nation serbe ».

On en sait désormais un peu plus sur le contenu des propositions de M. Ahtisaari. Parmi celles-ci, on remarquera notamment :

  • l'interdiction implicite d'une future union du Kosovo avec son voisin albanais, par le biais d'une mesure interdisant au Kosovo toute prétention territoriale mais aussi toute velléité d'union avec un État ou simplement une partie d'un État ;
  • la possibilité pour le Kosovo de déterminer des « symboles nationaux », citant nommément drapeau, emblème et hymne, avec toutefois l'obligation pour ceux-ci de refléter le caractère multi-ethnique de l'ex-province ;
  • la possibilité pour le Kosovo de disposer de sa propre diplomatie, ce qui lui permettrait par exemple de négocier et de conclure des accords internationaux mais aussi, à terme, de devenir membre des organisations internationales ;
  • la mise en place d'une force de sécurité professionnelle et multi-ethnique, nommée Force de sécurité du Kosovo (KFS), chargée d'assurer la sécurité intérieure et la surveillance des frontières, tout en étant dépourvue d'armements lourds ;
  • le maintien de certaines formes de protectorat étranger, l'Union européenne ayant ainsi la charge d'édicter une politique de défense et de sécurité à laquelle devront se conformer les autorités de Pristina, tandis que l'OTAN, qui occupe la province depuis 1999, continuera à assurer une présence armée internationale chargée de veiller à l'application des accords conclus ;
  • le président du Kosovo et l'Assemblée nationale du Kosovo devront nommer une commission chargée d'élaborer la future constitution du Kosovo, mais ce processus devra se faire en étroite concertation avec un fonctionnaire internationale nommé « Représentant civil international » (ICR), lui-même nommé par un « Groupe de pilotage international », instance comprenant divers représentants de pays impliqués dans la gestion de la transition [2].

L'incertitude règne encore sur la date à laquelle M. Ahtisaari soumettra son plan au Conseil de sécurité de l'ONU, l'approbation de celui-ci étant indispensable pour en poursuivre la mise en œuvre. Or la Russie, qui y dispose, en tant que membre permanent, d'un droit de veto, semble bien décidée à n'approuver ce plan que moyennant un certain nombre de contreparties. Les autorités russes n'ont pas caché, par le passé, leur intention de voir établi un parallèle avec le cas de plusieurs régions sécessionnistes d'anciennes républiques soviétiques, dont la sécession est soutenue par la Russie : Transnistrie (partie de la Moldavie), l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie (toutes deux parties de la Géorgie). Dans l'immédiat, on sait que le président russe, Vladimir Poutine, est déterminé à ordonner à son représentant au Conseil de sécurité à opposer son veto à tout plan qui ne serait pas approuvé par les autorités de Belgrade.

Dans l'intervalle, les diplomates russes semblent déterminés à ce que de nouvelles négociations soient organisées entre les autorités de Belgrade et de Pristina, mais sans toutefois fixer de limite temporelle à ces conversations. L'éloignement actuel entre les positions serbe et kosovare rend d'ailleurs probablement indispensable le délai supplémentaire exigé par les Russes, tant les positions paraissent inconciliables dans les conditions actuelles.

Notes

Sources

Sources francophones
Sources anglophones