La reconnaissance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, devenue monnaie de change politique

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Publié le 18 septembre 2009
Le président Alexandre Loukachenko a déclaré tout à coup que, d'un point de vue « humain », la Biélorussie aurait dû soutenir depuis longtemps la Russie en matière de reconnaissance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud. Mais il ne fait pas de doute qu'il continuera le marchandage autour de ce produit immatériel qu'est la reconnaissance en vue d'essayer de le vendre plus cher à Moscou, lit-on vendredi dans le quotidien Gazeta.Ru.

Le « batka » (petit père) se rend parfaitement compte de la valeur de la reconnaissance : il ne s'agit pas du sort des États nouveau-nés, mais de la place de la Russie dans le monde.

En août 2008, la Russie a pris sa décision sur la reconnaissance, car il était évident qu'il n'y avait pas d'autre moyen politique de fixer le bilan de la guerre. À présent, la discussion à ce sujet s'est transformée, de juridique, en politique. Le sujet abkhazo-ossète est considéré moins du point de vue de la conformité aux principes fondamentaux du droit international que sur le plan des rapports de tel ou tel pays avec la Russie. La position occupée par d'autres pays sur la souveraineté des deux républiques devient l'indicateur de la capacité de Moscou d'influer sur les processus internationaux.

Pour certains pays, c'est une possibilité d'améliorer leurs affaires en période de crise économique, pour d'autres, c'est une question importante de loyauté. On peut douter de l'admissibilité du prix payé par Moscou à Chavez pour la reconnaissance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, mais le Venezuela est tout de même un pays d'un calibre qualitatif différent à celui du Nicaragua et son influence sur la situation mondiale est assez visible. En ce qui concerne la Biélorussie, la reconnaissance serait presque un serment de fidélité à Moscou. Cette circonstance complique beaucoup les rapports qu'entretient Minsk avec l'Union européenne dans lesquels s'est ébauché un flirt. D'autre part, le fait qu'un des pays postsoviétiques accepte les résultats du changement violent des frontières soviétiques serait un précédent important qui aurait des conséquences significatives potentielles. C'est pourquoi il est peu probable qu'Alexandre Loukachenko veuille convertir sa sympathie « humaine » en décision politique. Ou bien il demandera un prix qui s'avérera inacceptable pour Moscou.

Dmitri Medvedev a déclaré ces jours-ci aux membres du Club Valdaï qu'il n'avait pas l'intention d'accélérer le processus de reconnaissance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud. Bien entendu, il emploie la ruse, car l'exemple de Caracas a inspiré l'enthousiasme à la diplomatie russe et le travail sur l'élargissement de la base de soutien reprendra énergiquement. L'essentiel est d'éviter une ardeur superflue et de ne pas consacrer à l'achat d'un « produit » une somme dépassant son prix réel.

Cet article reprend la totalité ou des extraits de la dépêche de l'agence de presse RIA Novosti intitulée
«  La reconnaissance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, devenue monnaie de change politique (Gazeta.Ru) » datée du 18 septembre 2009.

Sources