L'agence Fitch abaisse à nouveau la note du Portugal

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Publié le 1er avril 2011
Après avoir été dégradé hier et la Grèce le 14 janvier dernier par Standard & Poor's, c'est au tour de Fitch Ratings d'abaisser la note du Portugal, après l'avoir déjà fait le 24 mars dernier. L'agence maintient sa perspective négative indiquant par là qu'elle pourrait encore abaisser cette note souveraine dans un proche avenir. Ces derniers jours, les taux d'intérêt que l'État portugais doit payer pour emprunter sur les marchés de la dette se sont envolés pour atteindre des taux historiquement élevés. Malgré les tensions, le pays a réussi ce matin à lever 1,645 milliard d'euros de dette à un an, à un taux de 5,793 %, en deçà des prévisions des analystes, lors d'une « émission extraordinaire ».

Selon un communiqué publié aujourd'hui, l'agence a abaissé d'un cran la catégorie investissement de A- à BBB-, dernier cran avant la catégorie « spéculative » (junk bonds). Fitch se justifie en mettant en avant la mauvaise situation économique du pays et qu'il est moins probable que le pays bénéficie d'une aide extérieure avant les prochaines élections législatives anticipées. Pour Douglas Renwick, directeur des notes souveraines chez Fitch, « la dégradation sévère de trois crans de la note souveraine du Portugal reflète essentiellement les préoccupations de Fitch quant au fait qu'une aide extérieure en temps utile est moins probable dans le court terme après l'annonce d'élections le 5 juin ». Une « aide extérieure est nécessaire pour soutenir la crédibilité de la consolidation budgétaire et les efforts de réformes économiques », ajoute l'agence.

Cette annonce intervient en réponse au rejet par le Parlement portugais de nouvelles mesures d'austérité, et la démission qui s'en est suivie du Premier ministre socialiste José Sócrates, minoritaire au parlement. La crise politique a débouché sur la dissolution du parlement, annoncée hier, et la convocation d'élections législatives anticipées le 5 juin prochain. Par ailleurs, Fitch observe que le rejet des mesures d'austérité, la révision en hausse du déficit public en 2010 à 8,6 % — au lieu de l'objectif de 7,3 % — et une dette à 92,4 % du PIB[1] impliquent que la « consolidation budgétaire ne devrait pas commencer avant le troisième trimestre 2011 » remettant en cause l'objectif de ramener le déficit à 4,6 % cette année.

Le ministre des Finances Fernando Teixeira dos Santos, qui avait écarté jusque là un éventuel recours à un plan de sauvetage financier, a affirmé qu'il n'était « plus aussi confiant » mais que ce gouvernement démissionnaire n'avait pas la légitimité pour en négocier les modalités. Le président du Parti social-démocrate et futur premier ministre pressenti, Pedro Passos Coelho, s'est quant à lui dit prêt aujourd'hui à soutenir le gouvernement si le pays devait recourir à un « emprunt spécial » pour garantir sa solvabilité.

L'Irlande, également dans le collimateur des agences de notation, a par ailleurs été abaissé d'un cran à BBB+ par S&P qui a invoqué le fait que Dublin, comme Lisbonne et Athènes, devra faire appel en 2013 au fonds d'aide européen qui sera alors mis en place. Ce Mécanisme permanent de stabilité « prévoit qu'une restructuration de la dette puisse être une condition préalable » à l'obtention de l'aide, ce que « se ferait au détriment des détenteurs privés » d'obligations d'État. L'agence a toutefois conservé la perspective « stable » pour le pays qui contrairement au Portugal et à la Grèce, a annoncé hier des résultats positifs des tests de résistance. Le pays a besoin de 24 milliards d'euros supplémentaires pour stabiliser le secteur bancaire mais l'agence estime que l'« Irlande présente des perspectives de croissance supérieures aux économies du Portugal et de la Grèce en raison de son ouverture » sur l'extérieur et de la vigueur de ses exportations.

Notes

Sources