En ignorant les avertissements, les autorités birmanes auraient aggravé la catastrophe

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Le cyclone Nargis, le 1er mai 2008.

Publié le 10 mai 2008
En se penchant sur la situation de la Birmanie, certains spécialistes estiment qu'en ne prenant pas en considération les mises en garde scientifiques, les autorités du pays ont aggravé les ravages causés par le cyclone tropical Nargis, également amplifiés par la destruction à grande échelle de la protection des forêts de mangroves le long des côtes birmanes.

Le cyclone a tué environ 22 980 personnes à ce jour. En outre, des millions de personnes se retrouvent sans-abri une semaine après la catastrophe qui a frappé la région du delta d'Irrawaddy en Birmanie le 3 mai.

Les scientifiques du Service météorologique indien[1] de New Delhi, spécialistes de l'Organisation météorologique mondiale pour le centre de l'Asie, ont indiqué qu'ils avaient envoyé à la Birmanie un premier bulletin sur le cyclone dès le 26 avril. Mrityunjay Mohapatra, directeur du centre d'alerte pour les cyclones de l'IMD, a indiqué à SciDev.Net que la Birmanie avait été averti de l'imminence du cyclone au moins 48 heures à l'avance. Mais l'agence birmane de météorologie n'a envoyé ni accusé de réception ni réponse. Mrityunjay Mohapatra a précisé que le premier bulletin d'alerte datant du 1er mai évoquait la superficie de territoire susceptible d'être touché par le cyclone. Le bulletin avertissait qu'un cyclone avec des vents de 180 kilomètres par heure allait traverser la côte sud-ouest de la Birmanie, entre 20 h et minuit (heure locale) dans la nuit du 2 au 3 mai. Les bulletins de l'IMD contiennent des informations sur le centre actuel et prévu, l'intensité et le mouvement du cyclone, ainsi que les conditions en mer et la vitesse maximale du vent au centre du cyclone.

Uma Charan Mohanty, du Centre asiatique de planification des catastrophes basé en Thaïlande, a indiqué que selon les données de l'Organisation météorologique mondiale, les cyclones asiatiques sont moins longs et moins intenses que les ouragans de l'océan Atlantique ou les typhons de l'océan Pacifique, mais qu'ils provoquent davantage de décès et de dégâts. En 2005, vingt-cinq ouragans dans l'Atlantique ont causé dix décès, alors que le seul cyclone Sidr, qui a frappé le Bangladesh en 2007, a fait 3 500 morts. Uma Charan Mohanty explique que la côte atlantique s'est doté d'un système d'alerte rapide et que les populations ont la possibilité d'être évacuées vers des zones sûres. A contrario, les côtes asiatiques sont densément peuplées, avec des communautés agricoles et piscicoles très pauvres qui ne peuvent pas évacuer seules, même si elles sont mises en garde.

Lors d'une conférence de presse le 6 mai, Maung Swe, du ministre birman pour le secours et la reconstruction, a indiqué que la plupart des décès ont été causés par une onde de tempête[2] de 3,5 mètres de haut. Uma Charan Mohanty rappelle que, lors des cyclones, 85 % des décès sont dûs aux ondes de tempête et que les prévisions sur la taille et la localisation de ces poussées sont donc donc essentielles pour anticiper la catastrophe.

Les mangroves (ici à Cuba) sont d'importantes zones tampon entre mer et terre, notamment pour l'atténuation des effets de tempêtes ou tsunamis.

Les côtes asiatiques sont également de plus en plus vulnérables à cause de la perte de protection des forêts de mangroves qui servent de brise-vent et limitent les dommages causés par les tempêtes et les raz-de-marée. Dans un rapport de 2006, l'Union internationale pour la conservation de la nature a démontré que les zones du Sri Lanka avec des forêts de mangroves avaient été moins touchées par le tsunami résultant du Tremblement de terre du 26 décembre 2004 par rapport aux zones où les forêts ont été détruites. En janvier 2008, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture avait également signalé que l'Asie était en train de perdre toutes ses mangroves côtières, avec plus de 1,9 millions d'hectares détruits chaque année. L'organisation a examiné l'évolution des mangroves dans le monde entre 1980 et 2005. Les forêts de mangroves autour du delta Irrawady en Birmanie avaient dégradées en raison de « surexploitation » et de la conversion des ces terres à la culture du riz (promu par le gouvernement comme un moyen d'assurer l'auto-suffisance alimentaire du pays).


Notes

Voir aussi

Sources